Faut-il rompre avec le passé?
La personne la plus hésitante à faire une promesse est celle qui la respectera avec le plus de foi. Rousseau, Jean-Jacques.
De même qu’il ne faut pas confondre la promesse avec le serment, il ne faut pas la confondre avec l’engagement.
La raison en est simple : l’engagement renvoie à une situation (vous voyez qu’on ne quitte pas si facilement l’horizon sartrien !) et vaut pour cette raison comme structure du monde, en tant que le monde est l’horizon des finalités et que la position de la finalité comme telle est précisément l’engagement. Dans l’engagement, ce qui compte, c’est donc le monde en tant que tel : il est en quelque sorte l’exigence toujours déjà effective de l’engagement, pour la seule raison qu’il est le monde. Ce que Sartre a pu traduire en disant qu’on était de toute façon toujours déjà engagé. Et en effet la conscience (donc la nécessité de la compréhension) est inséparable de la constitution d’un monde que, de ce point de vue, il faut dire dialectique au sens où Hegel parle d’une dialectique de l’Esprit : on a la conscience de son monde, et inversement c’est d’avoir telle ou telle conscience qui fait qu’on vit dans tel ou tel monde. Tout au plus accorderais-je que l’engagement est la projection, au sens géométrique, de la promesse dans le monde. Mais cette projection implique un changement de ce qui compte : ce n’est plus la parole (parce qu’une parole pure, dans le monde, est tout simplement impossible), mais c’est le monde en tant que monde, qui est d’abord social (il importe que les engagements soient tenus, parce que sinon le monde devient impossible : dans les engagements, ce qui compte, c’est la possibilité du lien social).
Dans la promesse, c’est exactement le contraire : la promesse c’est que le monde ne compte pas ! Ni donc l’autre, en tant qu’il fait partie du monde. Je vais même plus loin : la promesse, c’est que rien ne compte, que la parole en tant que donnée. Quand nous promettons (ce qui est somme