Felouzis
FRANÇOISE LIOT
JOËLLE PERROTON
L'APARTHEID
SCOLAIRE
Enquête sur la ségrégation ethnique dans les collèges
EDITIONS DU SEUIL
CHAPITRE 2
La ségrégation ethnique au collège un état des lieux
Considérons d'abord l'ensemble des élèves allochtones, quelle que soit leur origine culturelle. Dans le graphique 1, chaque établissement est figuré par une ligne verticale indiquant la proportion d'élèves allochtones. Pour l'ensemble de l'académie, ils représentent 7,1 % des collégiens. Pourtant, si l'on considère leur répartition dans chaque établissement, la dispersion est considérable. L'écart-type est de 7,5, c'est-àdire supérieur à la moyenne. On passe de 44,3 % au collège
Paul-Froment à Sainte-Livrade-sur-Lot et au collège JacquesEllul de Bordeaux, à 0,3% au collège Cap-de-Gascogne à
Saint-Sever, voire 0 % au collège privé Saint-Joseph à Navarrenx. Cela signifie que dans certains établissements près d'un élève sur deux est allochtone, tandis que dans d'autres aucun ou presque ne l'est, alors même que notre indicateur sousestime la proportion d'élèves allochtones. Une répartition aussi inégale est impensable en fonction d'autres variables comme l'origine sociale ou le niveau scolaire des élèves.
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L'APARTHEID SCOLAIRE
Graphique 1 : Proportion d'élèves allochtones dans les collèges de l'académie de Bordeaux
L'APARTHEID SCOLAIRE
On peut donner une idée plus précise de ces disparités en étudiant de plus près les établissements qui scolarisent la plus forte proportion d'élèves allochtones. On peut ainsi voir que
10 % des établissements scolarisent à eux seuls 26 % de ces élèves. L'origine culturelle est donc un puissant facteur de différenciation des collèges, même si l'on ne peut préjuger pour l'instant des conséquences scolaires de cette situation. Il ne fait pourtant pas de doute que ces disparités «ethniques» se doublent de disparités sociales. Toujours parmi les mêmes établissements, 48 % des élèves