Femme et chatte
Elle jouait avec sa chatte,
Et c’était merveille de voir
La main blanche et la blanche patte
S’ébattre dans l’ombre du soir.
Elle cachait — la scélérate ! —
Sous ses mitaines de fil noir
Ses meurtriers ongles d’agate,
Coupants et clairs comme un rasoir.
L’autre aussi faisait la sucrée
Et rentrait sa griffe acérée,
Mais le diable n’y perdait rien…
Et dans le boudoir où, sonore,
Tintait son rire aérien,
Brillaient quatre points de phosphore.
Paul VERLAINE, Poèmes saturniens, dans OEuvres poétiques complètes. I. Paris, Gallimard, « La Pléiade », 1962, pp. 74-75.
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Femme et Chatte
Titre ambigüe avec une action généralisante entre la femme et la chatte. De plus, nous voyons un et qui signale une égalité, une assimilation entre la femme et la chatte.
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Elle jouait avec sa chatte,
Le verbe jouer fait référence à une distraction avec la chatte de la femme (la). Nous observons aussi un double-sens face à ce premier vers : sens littéral et sexuel. L’emploi de l’imparfait explique une habitude dans le passé.
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Et c’était merveille de voir
Le et est une succession logique, une conséquence du premier vers. L’auteur met en avant la beauté de la femme, un enchantement, une admiration pour celle-ci. Tout ceci donne un caractère précieux et agréable à la scène. Le choix du verbe à infinitif n’est pas anodin non plus : voir signifie-t-il que l’écrivain est spectateur ou narrateur omniscient (intimité qu’évoque le verbe).
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La main blanche et la blanche patte
Le parallélisme dans la description : La main blanche (Femme) et la blanche patte (chatte) et le chiasme de construction instaurent une comparaison entre les bras de l’humaine et de l’animal ; elles ont une physionomie fort proche. Le terme blanche apparait comme