Fiche de lecture : accepter l'intimité dans les soins
Titre : Accepter l’intimité dans les soins
Auteur : Laurence Vérani, infirmière à l’hôpital Saint Antoine (AP-HP)
Source : SOINS n°652 – Février 2001 (pages 32 à 34)
Public concerné : Personnel soignant
II. Résumé
La relation soignant-soigné est, par définition, inégale : le soignant a choisi d’exercer son métier alors que le soigné n’a pas souhaité se faire hospitaliser. Pourtant, un rapprochement a lieu entre ces deux personnes : le soignant va s’identifier au soigné et ce dernier va être amené à se questionner et à aller chercher au plus profond de lui-même. C’est alors que va s’installer une certaine intimité, sous trois formes distinctes : physique, émotionnelle et spirituelle, et le début d’une relation, souvent freinée par des tabous culturels et sociaux.
Premièrement, les soins au corps, même si le soignant parvient à se montrer indifférent, réveillent le tabou de la nudité et plus fort encore, de la sexualité (d’autant plus si le patient et le soignant sont de sexes opposés). Ce tabou est tellement accentué que bien souvent, le soignant limitera au maximum le contact charnel, avec le port de gants par exemple. L’infirmière doit pourtant faire preuve de délicatesse afin d’éviter la souffrance du patient. C’est là un des paradoxes du métier : se consacrer au corps soigné tout en étant restreint par de nombreux interdits. Le rapport au corps est également « encadré » puisque le soignant ne doit ressentir ni révulsion, ni attraction mais seulement de la compassion. Enfin, le patient peut, lui aussi, refuser ce contact, il est alors important de respecter sa pudeur, même si celle-ci peut être ressentie comme une défaite pour le soignant.
Cette intimité corporelle entraine une intimité émotionnelle, souvent crainte par l’infirmière, inquiète d’entrer dans une relation d’égal à égal dans laquelle chacun se confie. Là entre en jeu le tabou de l’expression de l’émotion, dictant à chacun une certaine retenue ; et même si