Fiche de lecture-la france de vichy
Editions Points Seuil - Histoire, Paris, 1999. Traduit de l’Anglais par Claude Bertrand[1]
Robert O. Paxton, né en 1932, est alors un jeune historien lorsqu’il décide de consacrer sa thèse de doctorat à Harvard sur l’Armée d’Armistice[2], et décide de se concentrer sur l’étude du régime de Vichy qu’il juge peu étudié par ses confrères européens à cette époque. Il arrive à Paris en 1960, et va chercher à faire évoluer de façon importante l’historiographie et la mémoire collective concernant le régime politique que la France a connu entre 1940 et 1944. Il fait partie de cette nouvelle génération d’historiens qui n’ont pas connu les évènements mais souhaitent remettre en cause les explications fournies par les contemporaines du régime. Il va alors chercher à étudier les véritables fondements du régime de Vichy- son personnel et ses motivations - sujet tabou dans la France des années 1970 encore marquée par l’empreinte laissée par le Général de Gaulle, chef de la France Libre et principal opposant au régime de Vichy, et par la décennie de guerres intestines qui ont séparé la France de ses colonies, et continué de diviser l’opinion française. Paxton trouve comme appui en France un seul ouvrage de référence : l’Histoire de Vichy de Robert Aron[3] paru en 1954 et qui se base principalement sur les transcriptions des audiences publiques des procès d’épuration d’après-guerre. Paxton se tourne alors vers les archives françaises mais se heurte au mur des « cinquante ans » de secret : il décide finalement d’utiliser les archives allemandes[4], récupérées à la Libération par les Américains. A partir de cela, et en utilisant les mêmes sources que Aron, il va réaliser un ouvrage aujourd’hui incontournable historiographiquement sur la France de Vichy qui va battre en brèche des décennies de mythes historiographiques et participer au renouvellement de la mémoire collective sur les années noires connues par la France.