Fiche De Lecture J
Un article paru et consultable dans Le Français dans le Monde n°314 (mars-avril 2001)
Le combat pour le plurilinguisme semble aller de soi tant il est nécessaire. Mais la bataille n’est pas gagnée car les idéologies qui le menacent sont fortement agissantes 1.
Bien des questions de langues relèvent de décisions politiques. Mais, on voit rarement se développer des débats de fond dans ce domaine. En fait, ce sont les principes mêmes sur lesquels se fondent les politiques linguistiques, qui sont peu identifiés et peu différenciés. Ces principes fondateurs, qui peuvent prendre la forme d’idéologies linguistiques, existent pourtant et légitiment des politiques linguistiques différentes. On notera en effet que le plurilinguisme n’est pas nécessairement la philosophie linguistique des états modernes, en particulier des états à structure fédérale. Les États-Unis d’Amérique, qui ont développé l’idéologie du melting pot du point de vue culturel, ne semblent pas inclure la diversité linguistique dans l’idéologie du respect des différences dites « ethniques »2. La Confédération canadienne doit arbitrer des conflits entre langue dominante et langues minoritaires. Mais, l’Afrique du Sud de son côté, s’est dotée d’un programme national relatif aux langues, fondé sur le principe que chaque Sud-africain devrait avoir accès à toutes les sphères de la société sud-africaine en développant et en maintenant un niveau suffisant de compétence orale et écrite, approprié à un large éventail de contextes, dans la langue officielle de son choix. Les choix européens sont encore peu clairement dessinés : on notera, par exemple, que la Conférence d’Innsbruck (10-12 mai 1999) promue par la Division des langues du Conseil de l’Europe, a mis l’accent sur la gestion du plurilinguisme comme permettant l’accueil linguistique des populations migrantes (en particulier la non-disparition de leur patrimoine linguistique), la sensibilisation des Européens à la valeur culturelle des