Fiche lecture - le bète et la belle - t.j
Il faut dire que Gabelou dispose de deux indices de poids : d’abord le vieux Léon, complice taiseux du Coupable avec lequel il a vécu quelques mois, dans une maison où tous deux ont amoncelé les immondices au point de se réfugier derrière eux – neuf mois d’une incroyable descente dans l’enfer des ordures… Et surtout, des cassettes audio enregistrées par le Coupable, sur lesquelles il explique comment il a assassiné d’abord la belle Irène ( son amie et collègue documentaliste aux mœurs légères, qui le repoussait ) ; puis la vieille ( en maquillant l’assassinat en suicide au gaz ) et enfin le commis-boucher, écrasé avec sa Ford.
Mais s’accuser sur un enregistrement est-il vraiment suffisant ?
Parce que le Coupable est mort. Et s’il était plus provocateur et menteur que coupable, après tout ?
Avec une narration à trois voix ( la sienne, celle de Gabelou et celle du vieux Léon ), et un ton polardeux haut de gamme, Thierry Jonquet ne cesse de semer des indices et des doutes chez le lecteur, entre cette banlieue imaginaire, Altay I et Altay II ( en réalité Aulnay ), Etretat, et un Quai des Orfèvres digne de la série Le Boulevard du Palais.
De jolis portraits. Un ton à la fois littéraire et désabusé… bref, du vrai Noir ! Et un classique du genre ( 1985 ) qui opère une jonction idéologique et stylistique évidente avec les romans de Jean-Patrick Manchette, lui aussi prématurément disparu.
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