Discours sur les fondements de l’origine de l’inégalité parmi les hommes.

Rédigé en 1754, et publié en 1755, quand Rousseau a 43 ans, le Discours sur les fondements et l’origine de l’inégalité suit chronologiquement le Discours sur les sciences et les arts qui reçut le prix de l’Académie de Dijon en 1752. Le second discours n’est pas primé, mais Rousseau le savait, le concours n’était qu’un prétexte pour détailler ses thèses du premier discours et de répondre aux objections qu’il a suscitées. Lors de ce concours, il s’agissait de répondre à la question « quelle est la source de l’inégalité parmi les hommes, et si elle est autorisée par la loi naturelle ? » Par inégalité, on entend inégalités d’institution établies dans la société telles que les inégalités de droits et de devoirs, de condition et de fonction politique, de fortunes et de conditions d’existence matérielle. Par loi naturelle, comprenons une règle supposée universelle permettant de juger de la légitimité d’une institution particulière. Il est étonnant que le fondement du régime qui est un système de privilèges et d’inégalités héréditaires fasse l’objet d’une question si ouvertement formulée. Mais la question n’appelle pas à une réponse révolutionnaire et peut même donner lieu à un plaidoyer en faveur des inégalités (c’est d’ailleurs la réponse couronnée par l’Académie). Le Discours a une portée critique évidente, mais a été publié (Malesherbes l’a autorisé puisque favorable à l’esprit philosophique), et même traduit en plusieurs langues immédiatement et a été un succès de librairie. Rousseau ménage toujours une place à la vérité chrétienne révélée par des précautions rhétoriques. Rousseau répond donc à deux questions en reformulant la question de l’Académie qui demandait quelle était la source de l’inégalité et si elle était autorisée par la loi naturelle. Dans le Discours, il traite des fondements et de l’origine de l’inégalité. Il pose la question de l’origine qui est celle de la cause,