Fiche sur le théâtre et l'existence, henri gouhier
Il faut que l'auteur parvienne à faire éprouver une communion tragique.
Ce qui est réellement tragique, ce n'est pas non plus l'événement en soi qui pourrait ressembler à un fait divers, mais quant il se rapporte à une transcendance : conspiration divine, destin... Elle introduit dans l'action un nouveau terme situé en dehors du champ sensible.
la folie est tragique parce qu'elle passe pour sacré : les Eyrinnies qui poursuivent Oreste affrontent Apollon : sa folie est un drame entre les Dieux. Dans le Roi Lear, le roi supplie d'une voix enfantine « oh, fais que je ne sois pas fou » mais les scènes de la lande sous l'orage montrent déjà la fureur cosmique qui secoue l'âme du roi ainsi que le paysage : « les grands dieux » la passion est tragique parce qu'elle est folie et donc transcendante : la passion de Phèdre pour Hippolyte est le fait des dieux.
Le groupe est un principe tragique parce qu'à travers les consciences individuelles, il introduit la transcendance d'un idéal impérieux : le passé des Capulet et des Montaigus qui se solidifient en haine et écrase l'amour de Roméo et Juliette.
Si le tragique est transcendance, il ne pourrait l'être sans une présence : des signes cosmiques, psychiques.
On ne peut limiter le tragique à la contradiction ou à l'échec. Parler de « douceur tragique » nous invite à rechercher la permanence du tragique dans la transcendance.
L'absurde n'a pas de signification tragique car il est par définition ce qui n'a pas de signification. Quand on parle d'absurde pour qualifier un événement ou l'existence, le mot introduit l'idée de déraisonnable donc d'une absence de signification. Dans la légende grecque d’œdipe, on dépasse l'absurde parce que ce n'est plus un hasard mais un châtiment divin. Au contraire, dans Le Malentendu d'Albert Camus, le malentendu est pur et dénué de toute signification.
Tragique et liberté
Tragédie est souvent associée à fatalité. Anouilh fait dire au chœur