Fight club
David Fincher a décrit son film comme un rite de passage comme Le Lauréat (1967) l'avait été en son temps, mais pour les personnes dans la trentaine. Le narrateur est un homme très ordinaire65, le personnage étant identifié dans le script sous le nom de « Jack » mais n'étant pas nommé dans le film66. Fincher expose ainsi le concept du personnage : « Il a essayé de faire tout ce qu'on lui avait appris à faire, de s'adapter à ce monde en devenant ce qu'il n'était pas ». Le narrateur ne peut trouver le bonheur, et il emprunte une voie de l'illumination au cours de laquelle il doit « tuer » ses parents, son dieu et son enseignant. Au début du film, il a déjà tué ses parents. Avec l'aide de Tyler Durden, il tue son dieu en faisant des choses qu'ils ne sont pas supposés faire. Pour terminer le processus, le narrateur doit tuer son enseignant, Tyler Durden67.
Le narrateur est à l'inverse de l'archétype du Lauréat : « un type qui n'a pas tout un monde de possibilités qui s'ouvre devant lui, il n'a aucune possibilité, il ne peut littéralement pas imaginer une façon de changer sa vie ». Il est confus et en colère et il répond à son environnement en créant dans son esprit Tyler Durden, un surhomme nietzschéen. Tyler est l'homme que le narrateur voudrait être mais il n'a aucune empathie avec lui et ne l'aide pas à prendre les décisions « compliquées et qui ont des implications morales et éthiques ». Fincher explique que Tyler « peut venir à bout des concepts de nos vies d'une façon idéaliste mais il ne veut rien avoir à faire avec les compromis de la vie réelle que l'homme moderne connaît. Et dont le principal est : Vous n'êtes pas vraiment nécessaire à la plus grande part de ce qui se passe autour de nous »65. Comme les producteurs des studios s'inquiétaient que Fight Club soit « sinistre et séditieux », Fincher a cherché à le rendre « amusant et séditieux » en incluant l'humour pour tempérer les éléments les plus sombres11.
Jim Uhls décrit le film