Fin de partie - clov
Clov apparaît tout d’abord comme une figure ancrée dans l’absurde. Le théâtre de l'absurde met en scène des personnages enlisés dans l'attente et la monotonie ; il privilégie les antihéros, les êtres anonymes, sans caractère bien défini. Clov est un personnage de la répétition, et apparaît bien des fois plus comme une marionnette « loin [et] mort[e] en esprit » (p. 91) qu’un véritable être humain doué de sensibilité, ce qui peut d’ailleurs lui conférer une certaine dimension comique, selon la définition de Bergson (« du mécanique plaqué sur du vivant »). Ses déplacements sont symétriques et chorégraphiés (première didascalie de trois pages, p. 11-12-13), sa démarche « raide et vacillante » (p. 11). Son regard « fixe » (p. 13), sa voix « blanche » (p. 13), rien ne nous autorise à envisager une quelconque profondeur du personnage. Le théâtre de l’absurde se caractérise également par une déstructuration des dialogues qui vise à illustrer l’inefficacité du langage. Ainsi, Clov parle peu et répond souvent sans écouter la question posée (« Si ! (Un temps.) Quoi ? » p. 62). De même, il lui arrive de se contredire à seulement une réplique d’intervalle (« Pas besoin de lunette. […] Je vais chercher la lunette. » p.42). Le caractère automatique, presque robotisé du personnage est accentué par les nombreuses répétitions qui rythment la pièce comme de véritables leitmotivs : « Quelque chose suit son cours » (p. 26, 47, etc.), « Je te quitte »