Fin de partie
Fin de partie dans l’évolution du théâtre de Beckett
Introduction Fin de partie était la pièce préférée de Beckett. Il n’a pas dit pourquoi, mais on peut supposer qu’elle est l’œuvre qui représente le mieux son activité littéraire, ce qu’est l’écriture selon lui Ŕ davantage qu’En attendant Godot, pièce antérieure de huit ans, à propos de laquelle Beckett a affirmé avoir fait des concessions, afin qu’elle puisse être jouée à Paris, pour des raisons notamment financières. Aussitôt que l’auteur eut constaté, non sans une certaine surprise, le succès de Godot, il prévint que « la prochaine fois, il n’y aurait pas de concessions ». Et cette prochaine fois, ce serait Fin de partie. Une telle différence d’attitude face aux deux pièces révèle immédiatement certains éléments caractéristiques. Par exemple : En attendant Godot n’était pas une pièce aussi radicale que Beckett le souhaitait ; il ne l’a pas écrite comme il l’aurait voulu. Or, il l’a terminée assez vite. Fin de partie, en revanche, est enfin une pièce comme Beckett l’entend, une pièce qu’il a pu écrire plus librement, sans contraintes économiques ; or, il a eu un mal fou à la terminer. Ces deux situations, qui peuvent sembler paradoxales, montrent simplement que Beckett conçoit la création littéraire comme une contrainte, un combat, un effort, et que l’authenticité recherchée réclame un travail. Malgré cela, on ne sait pas exactement ce que l’auteur préfère dans Fin de partie ; mais il n’en demeure pas moins que « fin de partie » est un titre très beckettien, qui, a posteriori, pourrait être celui de toute la carrière théâtrale de Beckett, laquelle s’étend de 1930 à 1989 : le théâtre n’occupe que la fin de cette carrière, mais une fin qui n’en finit pas Ŕ comme dans la pièce. Beckett, en effet, n’est venu au théâtre qu’après avoir été un romancier, et, encore