Fragments et détails dans "le ruban au cou d'olympia" de michel leiris
"LE RUBAN AU COU D'OLYMPIA"
L'écriture autobiographique que LEIRIS entreprend est, particulièrement dans cet ouvrage, organisée autour de certains moments qui, pour l'auteur, font sens et qu'il essaie de traduire en les rendant présents. On interrogera cette notion de présence qui est fondamentalement difficile à élucider puisque le texte autobiographique s'organise radicalement sur une déception ; celle de ne pouvoir saisir ces moments qui apparaissent comme indicibles. Dire la présence, c'est en quelque sorte avouer l'impossible absence (la blancheur de l'écriture et la perte, dans l'écriture, du corps). S'inscrire, sous le mode de la présence et, qui plus est, du fragment, c'est sans doute essayer de reconstituer un corps absent (et chez LEIRIS particulièrement décevant et malade) et de lui donner en échange un corps de textes dont l'unité textuel serait réalisée par le moment -le détail- qui vient rejouer l'impossible présence.
Ces moments narrés, mis en poèmes, semblent avoir en commun un thème, celui du détail qui fait sens , qui donne corps à l'écriture. Le ruban est donc "l'hyper détail" qui a valeur de symptôme dans l'écriture de LEIRIS.
L'autobiographie, chez LEIRIS, se nourrit de moments culturels divers : opéras, concerts, théâtre. La référence picturale est majeure dans Le Ruban au cou d'Olympia. Et pas n'importe quelle référence : l'Olympia de MANET est analysée par Georges BATAILLE -un proche ami de LEIRIS- comme l'un de ceux qui annonce la Modernité. ( 1 ).
Ce détail, sorti du contexte de la toile, devient élément d'écriture : la référence au tableau organise une vision fragmentée et déplace constamment le regard sur un objet que LEIRIS fait sien. Le Ruban au cou d'Olympia est précisément l'objet qui sépare le réfèrent (la toile) du discours et ce qui les unit. Ce petit détail permet en quelque sorte le geste autobiographique ( le ruban comme fondateur du geste autobiographique).
LA SEPARATION J)E T,A T'ETE