Dans le monologue de Rhinocéros, Bérenger qui incarne au départ l’humanité ordinaire devient progressivement un personnage tragique: il prend le rôle du héros solitaire qui lutte contre le destin est tente de s’opposer à la fatalité qui désagrège l’humanité. Les didascalies permettent la compréhension de la scène : sans elles, on ignorerait qu'il s'agit de portraits auxquels Bérenger se compare. Plus généralement, elles sont indispensable à ce genre de théâtre dit de l'absurde (ici absurdité de la situation rhinocérite) où elles abondent, car ce sont elles qui indiquent les changements importants quand il y en a. On distingue également un resserrement de l’espace, réduction des personnages, passage de la lumière à l’obscurité, souffrance des personnages, échec des relations affectives, amoureuses et amicales, fatalité de la contamination.
Bérenger devient un héros théâtral par le seul fait que sa parole solitaire lui permet d'accéder à une sorte de monologue tragique et absurde car il n a pas le choix Le dérèglement du langage les hésitations, les contradictions, les doutes de Bérenger réintroduit au dernier moment une tension plus « dramatique » que « tragique »et la pièce s’arrête avant son dévouement (quelle sera l issue du combat que se propose Bérenger ? défaite? victoire? On n’en sait rien. Les deux sentiments qui traduise la fin de la pièce chez le spectateur - la terreur (face à la rhinocérisation de l’humanité entière) et à la pitié (face à la solitude et au désespoir de Béranger) sont précisément ceux que cherchent à provoquer les grandes tragédies