Catherine David illustre deux façons de penser opposés que sont d’une part : le fanatisme religieux incarné par le personnage de Savonarole et, d’autre part : l’ouverture d’esprit et la démarche intellectuelle non-critique et raisonnée incarnée par le personnage de Pic de la Mirandole. En cela, l’œuvre de Catherine David est un roman historique à portée philosophique : les personnages et le cadre spatio-temporel ont réellement existés. (Mais ce n’est pas un conte philosophique car même si les personnages incarnent des idées philosophiques, il aurait fallu que le récit soit fictif, or ici, il s’agit d’un roman historique).
Savonarole est un fanatique religieux quant à la manière dont il conçoit la vérité. Il se focalise sur une seule idée, il est très fermé et critique. Il a pour dessein politique d’instaurer une République théocratique et pour ce, il va matérialiser la religion. Néanmoins, on peut dire qu’il est humaniste sur certains points : il est extrêmement cultivé et il maîtrise l’art de la rhétorique. Une maîtrise qui se remarque à travers ses discours : lors de ceux-ci, il a des gestes de mise en scène, il adapte son langage à son public, il le manipule, lui fait peur. Et pour cela, il joue avec des termes et des thèmes sensationnels. Il a une gestuelle dominante qui capte l’attention. Il va même jusqu’à pratiquer du « chantage spirituel » ; il faut le suivre sinon aller en enfer. Il est humaniste donc par sa large culture et par sa maîtrise de l’art du discours mais sur le fond, il est totalement opposé à l’esprit humaniste tant par ses idées que par sa démarche intellectuelle. Celle-ci est dépourvue de raison et n’est pas critique. Il ne conçoit pas qu’il puisse exister plusieurs vérités. Il a un côté presque obsessionnel, il a des œillères, on dirait qu’il ne distingue plus rien tant il est persuadé que toute idée qui ne rejoint pas la sienne est automatiquement faussée. Quant à ses opinions sur le point politique, il veut instaurer une République