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Un orchestre japonais a enregistré une version de la Cinquième Symphonie de Beethoven qui dure quatre minutes et quinze secondes de moins que d’habitude, et une pièce d’Ibsen autrefois longue de quatre heures n’en durait plus que deux dans une récente mise en scène à Oslo. Au XIVe siècle, la peste avait mis trois ans à se propager de la Sicile à Riga. En 2003, il a suffi d’un trajet en avion pour que le S. R. A. S . passe de la Chine au Canada. Là où hier il nous fallait dix minutes, il ne nous en faut plus que cinq aujourd’hui. Et pendant ces cinq minutes, nous cherchons à faire trois choses en même temps. Alors, se demande Eriksen, comment se fait-il que nous disposions de beaucoup moins de temps qu’auparavant ? Pourquoi, au lieu de profiter de notre temps libre, sommes-nous devenus les esclaves du temps-tyran ?
Eriksen donne un exemple : le bouton qui accélère la fermeture des portes d’ascenseurs. Combien de fois avez-vous appuyé dessus ces derniers mois et comment pensez-vous avoir utilisé « ce gain net d’une centaine de secondes par semaine » ? Une chose est sûre : avec ces secondes économisées, on ne fait rien de constructif. La fable effroyable racontée il y a trente ans par Michael Ende dans Momo est devenue réalité : des « messieurs en gris »