français

1815 mots 8 pages
’apologue

Texte A : Anonyme, Le Prud’homme qui sauva son compère, XIIIe siècle. Texte B : Jean de la Fontaine, Fables, I, 21, « Les frelons et les mouches à miel », 1668. Texte C : Voltaire, Zadig, chapitre 6, 1747.

Texte A : Anonyme, Le Prud’homme1 qui sauva son compère, XIIIe siècle. Traduction en prose de G. Rouger.

Un jour un pêcheur s’en allait en mer pour tendre ses filets. Regardant devant lui il vit un homme près de se noyer. Il était vaillant et agile ; il bondit, saisit un grappin et le lance, mais par malchance il frappe l’autre en plein visage et lui plante un crochet dans l’œil. Il le tire dans son bateau, cesse de tendre ses filets, regagne la terre aussitôt, le fait porter dans sa maison, de son mieux le sert et le soigne jusqu’à ce qu’il soit rétabli.

Plus tard, l’autre de s’aviser que perdre un œil est un grand dommage. « Ce vilain m’a éborgné et ne m’a pas dédommagé. Je vais contre lui porter plainte : il en aura mal et ennui. » Il s’en va donc se plaindre au maire qui lui fixe un jour pour l’affaire.

Les deux parties, ce jour venu, comparaissent devant les juges. Celui qu’on avait éborgné parla le premier, c’était juste. « Seigneurs, dit-il, je porte plainte contre cet homme qui naguère me harponnant de son grappin m’a crevé l’œil : je suis lésé2. Je veux qu’on m’en fasse justice ; c’est là tout ce que je demande et n’ai rien à dire de plus. »

L’autre répond sans plus attendre : « Seigneurs, je lui ai crevé l’œil et je ne puis le contester ; mais je voudrais que vous sachiez comment la chose s’est passée : voyez si vous m’en donnez tort. Il était en danger de mort, allait se noyer dans la mer ; mais ne voulant pas qu’il périsse, vite, je lui portais secours. Je l’ai frappé de mon grappin, mais cela, c’était pour son bien : ainsi je lui sauvai la vie. Je ne sais que vous dire encore ; mais, pour Dieu, faites-moi justice. »

Les juges demeuraient perplexes, hésitant à

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