Georges feydeau
Deux mois après son mariage, en décembre 1890, Georges Feydeau commence la rédaction de Un fil à la patte. C’est son premier triomphe, sa première grande œuvre dramatique, sa première comédie conjugale. « Tous les maris sont des parjures et des infidèles, c’est inhérent à la fonction. » Il parle d’expérience. Feydeau est beau, riche, célèbre et noctambule. Il est séducteur, collectionneur de femmes et de peintures, joueur au cercle et à la bourse, il gagne et perd des fortunes, tantôt prodigue, tantôt aux abois. Le succès est vital, au sens propre.
À la question : « Quelle est une qualité qui en notre siècle assure le bonheur ? », Feydeau répondit : « Les gens riches vous disent que ce n’est pas la fortune. Il faut les croire, sinon ils vous donneraient un peu de la leur ».
Feydeau est secret mais déteste la solitude. Sa vie est au théâtre et au café, ou chez Maxim’s, entouré de ses amis Jules Renard, Alphonse Allais, Willy, Tristan Bernard, Courteline, tous également mélancoliques, méchants, farceurs, irrésistiblement drôles. À travers la fumée de son cigare, en apparence distrait sinon rêveur, Feydeau regarde la comédie du monde. L’oeil aux aguets, la dent dure, il écoute, il note, il croque, « il n’y a pas de drame humain qui n’offre des aspects très gais ».
Envers les bourgeoises, les épouses qu’il met en scène, dominatrices, frustrées, aigries, vénales, frivoles jusqu’à la bêtise, Feydeau est sans indulgence. Mais il a toutes les sympathies pour les demi-mondaines, les aventurières, les mômes insolentes et désinvoltes qui, si on leur demande :
— « Comment elles ont pu en arriver là ? », répondent :
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