Georges schehade
Nous avons exploré, lors du cours précédent, à la fois la sémantique et la syntaxe de l’image dans les poèmes de Georges Schehadé. Pour cela, nous nous en sommes tenus, d’une part, à des éléments d’analyse proprement linguistiques et textuels (écart sémantique, constitution de paradigmes thématiques, cohésion textuelle), d’autre part, à la suite de Jean-Pierre Richard, à l’esquisse de ce que l’on pourrait appeler une analyse existentielle (reposant sur une dialectique du dedans et du dehors). D’une manière générale, nous pouvons dire que nous avons été conduits à constater la pertinence de la prise en compte de l’image et de l’imaginaire pour l’étude de la poésie de Schehadé. Non seulement, l’imagination, en tant que faculté productrice d’un imaginaire, nous est apparue comme étant au centre du processus même de la création poétique, mais encore, nous avons pu établir un certain nombre de motifs ou thèmes privilégiés d’un paysage imaginaire (en partant de « l’arbre »), ainsi qu’une certaine dramatisation du rapport de l’existant à ce paysage (question de « l’habitation »). Ce faisant, nous avons considéré le texte de Schehadé de façon immanente, sans l’insérer, comme nous l’avions fait dans un premier temps, dans une situation définie par un lieu et un temps, et nous ne nous sommes pas davantage souciés de donner un sens culturel plus large à cette expérience imaginaire. C’est que cette expérience, si universelle dans ses thèmes (l’arbre, le jardin, la montagne…), pourrait dénoter une expérience générale, sans particularité culturelle. Pourtant, ce que nous allons voir dans ce troisième et dernier cours sur Schehadé, c’est que cette valorisation de l’imaginaire, et les formes d’expérience imaginaire qu’elle éveille, s’inscrivent dans des systèmes culturels particuliers, dans différentes cultures de l’imagination[1]. C’est ici que nous retrouvons la question de l’hybridation, qui oriente notre étude des