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Pour commencer, il convient de définir ce que l’on entend par raison pour mieux comprendre les intentions de l’auteur de Micromégas.
Voltaire se situe en premier lieu dans la lignée philosophique qui conçoit d’abord la raison comme une faculté propre à l’homme, celle qui lui permet d’établir des rapports entres les choses. Cette faculté innée, qui n’est donc pas issue de l’expérience, permet une connaissance réfléchie et autorise l’être humain à embrasser et à comprendre l’Univers.
En revanche Voltaire ne suit pas certains philosophes qui, comme Montaigne, dénoncent les dangers de cette faculté qui nous permet de raisonner même hors de l’expérience, qui peut s’enfermer dans sa propre logique et n’avoir plus de contact avec la réalité, cette raison raisonnante "ployable en tous sens".
Pour l’auteur de Micromégas, il s’agit plutôt de ce que nous appellerions le bon sens, cette propension à bien juger, à distinguer le vrai et le faux, à connaître le monde loin de tous les aveuglements qui ont nom imagination, passion ou folie.
Il s’agit surtout d’une connaissance fondée sur l’expérience, sur l’usage des sciences par opposition à une vérité dogmatique révélée par la foi religieuse. Ce dernier aspect fonde essentiellement l’idéologie voltairienne.
Face à cette raison qui est l’apanage du philosophe, au nom de laquelle il mène son combat civilisateur, se déchaînent la déraison, les folies de l’homme qui n’a pas encore été touché par les "lumières" du combat philosophique.
Micromégas est d’abord le tableau d’un monde déraisonnable
En premier lieu Voltaire s’est amusé à nous dépayser avec un conte fantastique qui nous entraîne loin de nos certitudes habituelles : il nous invite à un voyage cosmique. Le conte est d’abord un mélange étonnant d’astronomie, de réflexion philosophique, d’actualité politique, scientifique, littéraire, mondaine dont le désordre apparent et le caractère primesautier peuvent désarçonner le