Ghetto américain versus banlieues françaises
On constate souvent une espèce d’identification des jeunes français dits « de banlieue » d’origine africaine au sens large (j’inclus ainsi les maghrébins) avec les noirs américains, leur culture, leur situation, l’idée d’une sorte de destin commun, tragique.
Ca va des codes vestimentaires (comme garder le mollet nu en souvenir des fers de l’esclavage) à la musique, en passant par une survalorisation de l’origine.
Pourtant, à part le taux de mélanine et la marginalisation réelle ou relative d’une grande partie des deux, ces populations n’ont que peu à voir l’une avec l’autre. C’est ce que je vais m’employer à montrer ici.
Première différence : l’ancienneté.
La société américaine s’est construite sur le remplacement brutal d’une population par une autre. Que ce soit par extermination ou refoulement, les amérindiens sont rapidement devenus quantité négligeable et négligée sur leur territoire.
A leur place se sont installés des colons européens ainsi que, dès les premières colonies, des esclaves noirs arrachés à l’Afrique. Leur présence aux Etats-Unis est antérieure à celle des européens du sud (italiens, grecs) ou de l’est (polonais) ainsi qu’à celle des asiatiques.
Ces Africains transplantés ont largement suivi l’expansion américaine, la précédant parfois (des « marrons » ou des affranchis se sont en effet mêlés aux amérindiens ou bien ont été soldats ou cow-boys sur la frontière), et à la fin de l’esclavage, ils se sont installés aux quatre coins du pays.
A contrario, l’installation massive de noirs et de maghrébins sur le sol métropolitain en France est récente. Si les contacts sont anciens, notamment à cause des phases d’expansion coloniale, l’immigration d’origine africaine s’est massifiée après la seconde guerre mondiale, et même encore plus récemment en ce qui concerne l’Afrique subsaharienne.
Deuxième différence : le mode d’installation.
L’installation des noirs en Amérique a été tragique