Selon Descartes, l’évidence est le critère le plus parfait de certitude : ainsi, tout ce qui peut être considéré comme vrai est soit évident, soit déduit à partir d’évidences premières. Descartes ferait donc de l’évidence un critère de vérité, tout comme le ferait l’opinion commune : en effet, lorsqu’une idée s’impose immédiatement à l’esprit, on lui attribue la plupart du temps le statut de vérité. De nos jours, qui douterait par exemple du fait que deux et deux font quatre, ou encore que la Terre est ronde ? Leibniz révoque pourtant ce point de vue : selon lui, l’évidence est un critère trop subjectif de vérité. Ainsi nous demanderons-nous si l’on peut faire de l’évidence un critère de vérité. Le problème que soulève cette question réside en ceci que, contrairement à ce que présuppose le sujet, l’on ne puisse ni totalement considérer l’évidence comme un critère de vérité, ni la priver de ce statut : c’est donc qu’en une certaine mesure cette possibilité peut-être reconnue, sans toutefois que celle-ci vaille absolument, mais seulement de façon relative et conditionnelle. Il se pourrait donc que l’évidence ne soit pas simplement un critère de vérité, mais bien plus fondamentalement un critère ne suffisant pas à distinguer le vrai du faux, et donc un critère ne répondant pas à ce statut. Nous verrons dans un premier moment que l’on peut faire de l’évidence un critère de vérité, si la vérité n’est pas dissimulée et concerne des relations intellectuelles. Toutefois, dans un deuxième moment, nous chercherons à établir que l’on ne peut pas faire de l’évidence un critère de vérité : en ce qui concerne le monde sensible, l’évidence se montre comme un critère trop subjectif. Enfin, dans un troisième et dernier moment, nous tâcherons de montrer que l’évidence plonge le sujet dans une illusion l’empêchant d’atteindre la vérité.
Nous allons chercher à montrer, en ce premier moment, que l’on peut faire de l’évidence un critère de vérité, puisqu’une évidence résulte d’une