Goffman
Ed. de Minuit, Paris, 1973 (extrait)
Erving Goffman est un sociologue « rattaché », affilié à la « seconde école de Chicago » même s’il convient d’être prudent par rapport à cette présentation tant il est également resté en marge de ce qui n’était pas à proprement parler une « école ». Ainsi, s’il est parfois « classé » parmi les sociologues interactionnistes, il s’intéresse davantage aux cadres et règles de l’interaction qu’à l’interaction en tant que telle et s’il souligne l’importance des représentations qui s’échangent lors des interactions, sa sociologie ne peut être totalement réduite à l’interactionnisme symbolique (cf., Blumer par exemple) tant il ne se focalise pas que sur les « signes » mais prend également en compte les structures qui régissent l’interaction. La sociologie de Goffman cherche à comprendre les comportements humains pris dans leur contexte, dans leur environnement immédiat en insistant sur le rôle des interactions qui pour lui définissent la situation à partir de laquelle on peut comprendre ces comportements. Cette notion de définition de la situation est empruntée au sociologue William I. Thomas (théorème de Thomas) pour qui une situation quelle qu’elle soit se définit autant, si ce n’est plus, par des éléments subjectifs que par des éléments objectifs (« A partir du moment où les individus considèrent une situation comme réelle, alors elle est réelle dans ses conséquences » cf., les « prédictions créatrices » de Merton ou encore les « prophéties auto-réalisatrices » de Bourdieu). Cela signifie que ce qui compte et qui prime, c’est ce que les individus croient être le réel plus que ce qu’est objectivement le réel tant le réel est en grande partie représentations. Et plus que cela, il y a un aspect performatif de la croyance puisque la réalité va être, en partie du moins, induite par la représentation que l’on s’en fait.
Ainsi, par rapport au texte, E. Goffman