Grand, Cottard, et Rambert
Petit employé de mairie, c'est un raté, qui n'a réussi ni dans sa carrière ni dans sa vie sentimentale. Il a de la peine à trouver les termes capables d'exprimer exactement ce qu'il veut dire : d'où sa volonté d'apprendre le latin pour approfondir le sens des mots, et d'écrire un roman qui lui vaudrait d'être salué chapeau bas, mais dont il s'épuise, sans jamais pouvoir aller au-delà, à mettre sur pied la première phrase.
En même temps, c'est un homme qui a de bons sentiments et qui ne craint pas de les manifester. C'est en ce sens qu'il est exemplaire. Il le prouve bien au cours de l'épidémie, où il est un des rares à conserver un certain équilibre de vie : il exerce son humble métier, mais il l'éclaire par sa chimérique ambition d'écrire; et, quand se créent des équipes sanitaires, il participe bénévolement à leur action, en tenant des livres, en faisant des statistiques, à raison de deux heures par jour. Son dévouement lui vaut de contracter la peste. Mais, curieusement, il est un des premiers rescapés, comme si l'auteur voulait le récompenser de sa bonne volonté
S'il est vrai que les hommes tiennent à se proposer des exemples et des modèles qu'ils appellent héros, et s'il faut absolument qu'il y en ait un dans cette histoire, le narrateur propose justement ce héros insignifiant et effacé qui n'avait pour lui qu'un peu de bonté au cœur et un idéal apparemment ridicule.
Cottard :
Homme moyen lui aussi, il est comme le symétrique de Grand, mais dans l'ordre du mal. On ne connaît pas bien les raisons pour lesquelles, au début du roman, il est recherché par la police et tente de se pendre. Ce qui est sûr, c'est que la peste, en détournant de lui l'attention de la justice et en lui fournissant l'occasion de faire du marché noir, de s'enrichir, arrange ses affaires
je me sens bien mieux ici depuis que nous avons la peste avec nous.
Ainsi souhaite‑t‑il voir le malheur général s'amplifier et durer. La fin du fléau signifie pour