Groupe de soignant souffrance en milieu hospitalier
Danièle Leboul[1]
Participer à l’atelier qui nous réunit ce matin, m’a donné l’occasion de retravailler une question qui me tient à cœur depuis que j’anime des groupes de paroles composés de professionnels soignants en milieu hospitalier. Cette question est la suivante : pourquoi le groupe de parole peut-il être un vecteur de l’allègement de la souffrance des soignants ? Dans quelles conditions trace-t-il la voie d’une issue positive à la souffrance des soignants confrontés à des situations qui les éprouvent ? L’objectif de mon exposé est de vous proposer des éléments de réflexion pour en débattre. Je ferai référence à quelques textes significatifs parmi l’abondante littérature sur ce sujet pour chercher à clarifier les différentes conceptions sur la nature de la souffrance et la finalité des groupes de parole ; puis, je m’appuierai sur des données de mon expérience pratique pour argumenter la fonction du récit dans les groupes de parole.
Souffrance des soignants et groupe de parole : qu’entendons nous là ?
L’usage de ces termes est devenu bien banal, alors même que leur définition recouvre des contenus qui se réfèrent à des champs conceptuels variés et révèlent des représentations hétérogènes de l’action.
La question de la souffrance des soignants donne lieu, depuis vingt ans, à une abondante littérature qui en décrit les causes, les expressions, l’intensité et ses méthodes de mesure, et développe les modalités de son soulagement.
Si nous reprenons brièvement des textes qui font ou ont fait référence et qui peuvent apparaître aujourd’hui comme des bréviaires, nous trouvons affirmé le lien entre la souffrance des soignants, d’une part, et la relation au malade gravement atteint, en échec thérapeutique curatif ainsi que la confrontation répétée à la mort, d’autre part. Pour Goldenberg, dans un écrit de 1987 intitulé : « Près du mourant des soignants en