Guerre de l’information et intérêts de puissance au zaïre (96/97)
Cette fiche fait le point sur les opérations de désinformation utilisées lors des événements politiques et militaires intervenus au Zaïre, entre août 1996 et mai 1997. Elle met en outre en lumière l’ampleur des stratégies de guerre psychologique développées par M. Kabila et ses alliés régionaux (Rwanda, Ouganda, Angola), voire internationaux (Etats-Unis) contre le pouvoir mobutiste zaïrois.
I – Introduction: un contexte régional crisogène
Les événements militaires zaïrois ne peuvent être dissociés du contexte régional extrêmement instable qui prévalait dans la période 1996-97. L’embrasement du Kivu, région située à la frontière du Zaïre, du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi était, dans une grande mesure, la conséquence logique d’une situation sécuritaire de plus en plus incontrôlable pour les voisins orientaux de Kinshasa. Kigali, Kampala et Bujumbura subissaient, en effet, les incursions répétées de leurs oppositions armées respectives réfugiées dans l’Est zaïrois et souhaitaient, pour y parer, mettre en place un glacis stratégique sur leur frontière orientale. Au delà de ce souci sécuritaire, les régimes rwandais et ougandais ont aussi vu dans l’explosion du Kivu une opportunité pour déstabiliser un pouvoir mobutiste jugé corrompu et anachronique.
Orientés en grande partie autour du Kivu, province agricole riche et convoitée, les affrontements zaïrois s’inscrivent dans un contexte régional plus large. Il est marqué par trois conflits dans lesquels le Zaïre était, à des degrés divers, indirectement impliqué : le conflit des Grands lacs (Rwanda, Burundi, Ouganda) où les rébellions Hutii utilisaient l’Est zaïrois comme base arrière; le conflit soudanais (Ouganda, Ethiopie, Erythrée, Soudan), où Kinshasa apparaissait comme un allié objectif du régime islamiste soudanais; le conflit angolais enfin, où Mobutu offrait à l’opposition armée angolaise de l’UNITA (Union nationale pour