Gustave Courbet,
Le Désespéré – 1843­1845.
NOTES sur le TABLEAU Courbet est considéré comme faisant partie des peintres réalistes, mouvement, qui, parallèlement à la littérature, se développe au milieu des années 1850. Cet autoportrait de jeunesse n’est donc pas à proprement parler « réaliste », il est encore empreint de la sensibilité romantique et de l’influence de la peinture hollandaise du
XVIIe s. Cependant, il contient déjà certains aspects de l’art réaliste de Courbet, un art sans manière, sans volonté de dénoncer ni de convaincre. Courbet cherche déjà à donner au spectateur à voir une réalité non idéalisée, sans noblesse.
Le Désespéré est une huile sur toile de 45X54cm. C’est donc un format « paysage », ce qui est assez inhabituel pour un portrait (pour le portrait, on utilise plus souvent le format… « portrait » ­ ou « figure »).
Le cadrage du sujet est tel que nous ne pouvons pas deviner où il a été peint. Il est intéressant de savoir que Courbet a peint une autre version de ce portrait dans un format « figure », et inscrit cette fois dans un paysage. Ici, l’absence de repères oblige le spectateur à regarder ce sujet qui semble faire corps avec le tableau.
Le désespéré est ici peint dans un moment de crise intense ; que peut­il y avoir derrière ces yeux démesurément agrandis, sinon un gouffre de désespoir ? Cette impression est accentuée par l’éclairage, qui tombe en oblique de l’angle gauche du tableau, créant ainsi des contrastes marqués (effet de clair­obscur , héritage de l’école hollandaise et du peintre italien Le Caravage) ; cette lumière n’est pas de nature à irradier le personnage, à le sortir de son obscurité ; elle est là au contraire pour accentuer l’ombre dans laquelle est plongé le sujet, ainsi que pour souligner la crispation des mains