Géopolitique du pétrole et du gaz. quelles perspectives de coopération nord-sud ?
Farid YAICI*.
S’il est des produits dont les prix n’obéissent pas tout à fait aux lois économiques conventionnelles, c’est bien les hydrocarbures, notamment le pétrole brut et le gaz naturel. Il faut souligner d’abord que les hydrocarbures sont des produits stratégiques de par leur nature. L’homme les consomme sous forme d’énergie pour les services qu’ils lui procurent : chauffage, climatisation, cuisson, éclairage et force motrice. Les hydrocarbures constituent ensuite des ressources naturelles épuisables à terme et ne sont donc pas renouvelables, du moins à un horizon spatio-temporel raisonnable pour l’homme. Extraites du sous-sol, des roches poreuses qui les emprisonnent, ces ressources qui n’existent que dans certaines régions du monde se sont formées par la décomposition d’organismes marins à travers des âges pouvant aller jusqu’à plusieurs millions d’années. Les hydrocarbures sont enfin inégalement répartis dans le monde. Par conséquent, leur accaparement, leur extraction, leur transport, leur traitement et leur distribution ou commercialisation peuvent générer des rentes pour ceux qui contrôlent l’une ou plusieurs de ces étapes et influer fortement sur leurs prix. De plus, ces rentes sont inégalement réparties, entre les producteurs et les consommateurs, auxquels s’ajoutent les spéculateurs. Dès lors, si les lois économiques classiques et néoclassiques n’expliquent pas seules les fluctuations des prix des hydrocarbures, la géopolitique, entendue comme étant « l’étude des rapports de force qui déterminent, dans une large mesure, le déroulement des échanges et le comportement des agents économiques »1 , trouve parfaitement sa place dans l’interprétation des rapports qui régissent les acteurs de ce marché. Dans ce cadre, les relations humaines et, plus encore, les relations internationales sont régies par des rapports de force. C’est pourquoi le raisonnement économique se