-------------------------------------------------
Les différents enjeux géopolitiques de l’héroïque révolution haïtienne

Introduction

« Combien de temps encore les Haïtiens seront-ils obligés
De quitter notre pays contre leur volonté ?
On se tourne vers la République dominicaine
Avec ses camps de coupeurs de canne
Et son esclavage à peine masqué ;
Vers les États-Unis et leurs camps d’internements
De Krome et de Guantanamo pour nos “boat people”,
On nous renvoie au massacre ;
On se tourne vers les Bahamas
Et leurs pogroms périodiques ;
Vers la Guyane et ses bidonvil
Les réservés aux “Haïchiens” ;
Vers le Canada où le froid gèle les
Larmes de nos conducteurs de taxis
Et où on reproche tous les jours à nos écoliers leur couleur.
Étrangers, vous ne voulez pas de nous dans votre pays ?
Laissez-nous au moins le droit de vivre en paix chez nous.
Laissez-nous élire qui nous voulons. »

Paul Anvers, 2000,
Rizières de sang

« Haïti,
Il y a des centaines d’années
Que j’écris ton nom sur du sable
Et la mer toujours l’efface
Et la douleur toujours l’efface
Et chaque matin de nouveau
Je l’écris sur le sable millénaire
De ma patience. »

René Depestre,
Pour Haïti, 1964,
Journal d’un animal marin

Un bicentenaire d'indépendance nationale, n'est pas à banaliser, encore plus quand il s'agit d' « une grande révolution dans un petit pays » dont la résonance universelle sonne encore dans la mémoire collective comme un des faits les plus marquants des annales de l'évolution de l'humanité. Un fait lourd et gros de craquements intercontinentaux et de glissements de forces telluriques embrassant races, nations, cultures, économies, sociétés et civilisations, et au cours desquels, par exemple, Napoléon Bonaparte passe d'un rêve oriental (l'expédition d'Égypte avec des visées sur l'Inde) à un rêve occidental américain (l'expédition Leclerc mettant en cause non seulement Saint-Domingue, française, mais aussi la Jamaïque