Hadhemi pour moi
Le mot "autrui n'appartient pas au vocabulaire courant, mais au registre soutenu. Il s'agit d'un mot savant, relevant de la psychologie, de Droit, de la morale ("ne fais pas à autrui...") ou de la philosophie ; le mot "autrui" est formé sur le datif ("alter") du mot latin "alter" (autre).
Autrui, c'est la prochain par rapport à moi, "l'autre homme" (cf. Emmanuel Levinas, L'humanisme de l'autre homme). Cependant, l’altérite ne suffit pas à caractériser autrui. Car s'il est autre que moi, autrui est aussi et en même temps mon semblable. Autrui est un alter ego, un autre moi-même.
Le respect est un sentiment qui porte à traiter quelqu'un ou quelque chose avec égard, à ne pas lui porter atteinte. Respecter autrui est-ce l'accepter tel qu'il est ? Nous verrons que le respect est une attitude morale essentielle, sans laquelle la vie en société serait intolérable. Toutefois, respecter autrui, est-ce l'accepter inconditionnellement tel qu'il est ? En d'autres termes le respect se confond-il avec la simple tolérance ?
I/ Respecter autrui = l'accepter "tel qu'il est" :
La différence est inscrite au cœur du monde. Elle permet la relation, mais elle peut aussi la fausser. La différence fait peur, l'hétéro phobie est la peur de l'autre parce qu'il est autre (cf. Montesquieu, Lettres persanes : "Comment peut-on être persan ?"). Pour le raciste, l'antisémite, l'homophobe, l'autre est un étranger intégral qui, à la limite, n'appartient pas à l'espèce humaine. Le raciste est incapable de voir l'identité sous la différence.
Le respect d'autrui est un devoir : je dois accepter l'autre en tant qu'autre. "Je dois" implique la notion de devoir et la nécessité de lutter contre une tendance (une tentation) à le rejeter, à le détruire, à le tuer. Emmanuel Levinas a montré que le visage, trace de l'infini dans le fini par lequel "Dieu vient à l'idée"