Haine et amour
Quel est notre moteur, l'amour ou la haine ? Pulsions de vie ou pulsions de mort ? Des écrivains, des philosophes, des scientifiques se sont déjà penchés sur cette question. Mais ne vaut-il pas la peine d'y réfléchir nous aussi, si possible sans tenir compte d'aucune influence ? Essayons de nous interroger.
Par
Pierre Bourquin
L'origine
Examinons le comportement de l'être humain, à l'aube de sa vie, dans son rapport avec l'autre : si un enfant envie une chose à son camarade, son réflexe sera de s'en emparer. Sans demander. Son compagnon se défendra, mais s'il est le plus fort, le premier s'en octroiera la propriété. Cela n'a rien à voir avec l'amour ou avec la haine. C'est un rapport de forces dans sa plus simple expression. C'est l'homme à l'état sauvage. C'est l'homme accapareur.
Relations commerciales
On élève l'enfant ; on lui apprend à demander avant de prendre et, grâce à son intelligence, il intègre cette éducation et la met en pratique. Il émet alors son désir et, s'il se heurte à un refus, il négocie. C'est la naissance du commerce, du profit, de la ruse. Le négoce n'est jamais désintéressé ; là est le début de la distorsion dans les rapports humains.
Ainsi, lorsque je fais un présent à quelqu'un, est-ce uniquement pour son plaisir ? N'est-ce pas également pour conquérir ou renforcer son attachement pour moi ? N'est-ce pas un geste hypocrite et égoïste ? (Bien sûr, la négociation peut, elle, être constructive ; mais cette dernière fait abstraction du pur sentiment d'amour. Elle ne fait donc pas l'objet de cet article.)
A-t-on vu souvent, dans les couples, l'un des conjoints regarder s'éloigner l'être aimé et, malgré sa souffrance, se réjouir si celui-ci est heureux ainsi ? Je ne suis pas sûr qu'un tel altruisme existe réellement chez l'humain.
Presque toutes les religions prônent un amour absolu et totalement désintéressé. Mais ce sentiment fait-il partie intégrante de la nature humaine ? Toutes les haines que ces