Halte "au BRICS bashing" art Presse
LE MONDE | 20.02.2014 à 11h43 | Gérard Wolf (président de BRICS Access)
Il est de bon ton en ce moment, dans nos milieux économiques, de faire du « BRICS bashing », en considérant ces marchés émergents comme fragiles et volatiles. On leur reproche un fort ralentissement de la croissance économique et de sérieuses difficultés financières et monétaires liées à leurs déficits courants excessifs, à la limitation de la politique monétaire expansive de la Réserve fédérale américaine (banque centrale, Fed) à l'été 2013 et au profil d'endettement privé de leurs entreprises. Un peu court peut-être, même si tout cela est en partie exact…
Certes, dans les BRICS (Brésil, Inde, Russie, Chine et Afrique du Sud), comme dans d'autres marchés émergents, la croissance est moindre que celle envisagée il y a deux ans. Mais soyons réalistes. Le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la baisse sa prévision de croissance des BRICS pour 2014, mais pour la ramener de 6,5 % à… 4,2 % ! C'est-à-dire pratiquement deux fois la croissance prévue pour les pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE, + 2,2 %). Sans parler, par pudeur, de celle pour la zone euro (+ 1 %)…
Côté financier, on comprend bien que la réduction du soutien de la Fed a amené des retraits massifs chez de nombreux gestionnaires d'actifs des émergents. Mais plusieurs d'entre eux ont résisté, en privilégiant une approche long-termiste, nécessairement gagnante, vu la demande locale. A cela s'ajoutent dans plusieurs pays des politiques de réformes structurelles lourdes et un secteur bancaire solide.
Les fondamentaux demeurent donc bons. Quatre raisons au moins doivent alors amener les entreprises françaises à rejeter le « BRICS bashing » auquel se livrent certains experts occidentaux, peut-être par réflexe de supériorité un peu suranné. Il n'est pas question de considérer que tous ces pays sont sur la même trajectoire, loin s'en faut. Mais retenons quelques