HERMES_2001_30_117
Université de Bordeaux IV
LE THEATRE D'ARISTOPHANE
ET LA DÉRISION DE LA DÉMOCRATIE
Selon les anthropologues, la dérision vis-à-vis du pouvoir pourrait bien être un universel.
Selon les politistes, l'absence de dérision du pouvoir est un des critères qui permet de qualifier un régime autoritaire, mais cela n'est pas une garantie car même les rois les plus absolus possédaient des bouffons. Aujourd'hui, on se plaît à dire qu'une démocratie supporte et encourage ses détracteurs, les dirigeants démocrates se laisseraient railler pour montrer leur attachement à un régime de liberté d'expression, c'est ainsi que l'on retrouve dans la plupart des régimes contemporains occidentaux : Bébete show, chansonniers, Guignols et autres comiques.
De ce point de vue, la démocratie athénienne était-elle exemplaire ? La cité de la « libre parole » permettait-elle de pratiquer librement la dérision ? Il apparaît, en étudiant la dérision telle que la pratiquait Aristophane, que la raillerie connaisse des limites de tolérance qui varient selon les sociétés et les époques ; quelles sont les limites que la cité athénienne pose à la dérision, c'est ce que nous verrons en étudiant l'œuvre autorisée d'Aristophane et d'autres pratiques de dérision plus difficiles à mettre en œuvre.
Aristophane est un poète athénien qui a vécu entre le ve et ive siècle avant J.C., c'est un contemporain de la démocratie (de - 507 à - 338), et de la guerre du Péloponnèse qui s'étend de
- 431 à - 404. On peut dire qu'Aristophane est un professionnel de la dérision puisqu'il est un auteur de comédies, genre qu'il faut différencier de la tragédie. En effet, les pièces tragiques déplacent leur action dans l'espace et dans le temps tandis que les comédies présentent des situations familières. Par ailleurs, l'auteur choisit ses thèmes dans le quotidien, souvent le quotidien politique marqué par la guerre et les effets pervers du système démocratique.
Le fait de critiquer le système démocratique, par le