Hernani
Avant même la première représentation, des passages étaient colportés, déformés et ridiculisés par ses adversaires. Au contraire, ceux qui voulaient le défendre mobilisaient leurs troupes pour envahir le théâtre dès l'ouverture. A la fin du spectacle, Victor Hugo comptait les vers qui n'avaient pas été sifflés. Impossible : aucun n'y avait échappé ! Il est vrai que ceux qui sifflaient étaient aussitôt hués et pris à partie à leur tour.
Hernani sortit finalement victorieux de ce tohu-bohu. La censure même s'en servit comme d'un salutaire repoussoir. Elle autorisa les représentations car, comme l'écrivait sentencieusement le comité : " Il est bon que le public voie jusqu'à quel point d'égarement peut aller l'esprit humain affranchi de toute règle et de toute bienséance ! " Reconnaissons-le, l'intrigue est compliquée :
Dans l'Espagne du XVI e siècle, trois hommes sont amoureux de la même femme, Dona Sol (Tres para una : trois pour une est le sous-titre que Hugo donnait à son drame dans le manuscrit). L'un est un vieillard, don Ruy Gomez, l'autre est un proscrit, Hernani, le troisième est le roi don Carlos.
C'est Hernani qu'aime Dona Sol. Mais le jeune homme a juré de se venger sur le roi d'Espagne d'une injustice faite à son père et il mène l'existence d'un " bandit ".
Au troisième acte, le vieillard semble triompher : il va épouser Dona Sol. C'est alors qu'un pèlerin lui demande l'hospitalité ; il le reçoit ; c'est Hernani. Sa tête est mise à prix et don Carlos vient le traquer jusque dans le château de Ruy Gomez. Mais les lois de l'hospitalité sont sacrées le vieillard ne livrera pas Hernani. Il préfère voir emmener Dona Sol en otage. Sorti de sa cachette, Hernani supplie don Ruy Gomez de le laisser libre de poursuivre le roi