Hernanie
J’ai eu le pressentiment que cette pièce allait bouleverser le domaine du théâtre car Hernani obéit à un nouveau genre littéraire, le romantisme. Ce dernier change et défit plusieurs règles théâtrales classiques instaurées depuis des siècles. Voici longtemps que romantiques et classiques rêvaient d’en découdre et Hernani leur en donne enfin l’occasion.
Je me suis rendu en avance à la représentation pour avoir peut- être le privilège de pouvoir m’entretenir avec les représentants les plus influents de notre littérature. Une atmosphère d’émeute régnait a la Comédie Française. Victor Hugo avait remplacé la claque traditionnelle par ses plus fidèles partisans qui occupaient des positions stratégiques dans le théâtre. Au premier rang , échauffés par de longues discutions préliminaires , les représentants du nouveau genre ,les « jeunes
France », parmi eux Gérard de Nerval et
Théophile Gauthier revêtu
de son gilet rouge flamboyant défiaient les « perruques » des tribunes qui feignaient l‘ennui et affichaient une attitude méprisante. La tension était à son comble . Le rideau se leva et dona Josépha Duarte prononça les premières paroles:
« Serait ce déjà lui? C est bien a l’escalier dérobé »
Les classiques n’admirent pas cet enjambement révolutionnaire contraire à leurs règles . Ce mot ainsi renvoyé au vers suivant mis le feu au poudre ,les échanges verbaux furent d’une violence inouïe et c’est dans ce tumulte qu’une bagarre éclata entre les deux clans. A mon grand étonnement ces hommes de lettres perdaient leur sang froid et se battaient avec acharnement tels des vauriens. Les acteurs tentaient tant bien que mal de continuer a jouer dans ce