Heureux qui comme ulysse
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme celui-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :
Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la douceur angevine.
Commentaires :
Ce sonnet nous propose une vision humaniste de la vie dans l’évocation des voyages, et de la recherche d’un bonheur sage et simple. Il exprime aussi une douleur forte et réelle du poète, qui vit une expérience décevante à Rome. Le voyage n’est plus rêverie et apprentissage, mais contrainte Du Bellay nous évoque simplement, mais avec affection et chaleur son pays natal. Il nous en montre le manque qu’il ressent par un comparatif répétitif entre l’Anjou et Rome
Le poète crée aussi la surprise en renversant le début du poème plutôt positif avec une suite plus pathétique, bien que toujours rythmée. En consacrant la supériorité de sa province française, Du Bellay participe aussi au mouvement humaniste français, qui cherche à mettre en avant la langue nationale par rapport au latin à l’écrit, à travers la Pleiade notamment.
J’aimais ce poeme car je l’ai chanter en musique et j’aimai cette chanson ensuite j’aime aussi le texte et les rimes