Hippolyte et thésée
En quoi, l’aveuglement de Thésée est-il tragique ?
Comment s’affrontent deux démesures ?
I) L’aveuglement de Thésée dans sa fureur.
Dans cette scène ,Thésée est furieux contre son fils Hippolyte.
la parole est l’instrument de la violence. La colère de Thésée apparaît d’emblée au point le plus haut et se nourrit des insultes adressées à Hippolyte (« perfide »,
« traître », « monstre », etc.), sans que nul dialogue ne soitpossible. L’échange n’est d’ailleurs instauré que très progressivement : la première réplique de Thésée s’adresse à lui-même, et sa colère n’écoute pas la question d’Hippolyte, elle n’est qu’une parole lancée contre son fils, une imprécation qui ne cherche que la puissance du verbe, ignorant la parole de l’autre (à la question d’Hippolyte, vers 1043,
Thésée répond par une autre question, indignée celle-là).
La preuve de la fonction strictement agressive de la parole du père est bien sûr dans l’adresse à Neptune : celle-ci correspond à la recherche d’une autre puissance, effective cellelà, de mort. « Je n’ai point imploré ta puissance immortelle
[… ] Mes vœux t’ont réservé pour de plus grands besoins ».
Elle désigne Hippolyte par un déictique insultant (« ce traître »), exige et promet en retour. C’est là le point culminant de la recherche de puissance dans l’imprécation.
L’adresse au dieu manifeste ce que la colère a de terrible et de surhumain.
• Une défense fragile. Par contraste, la première réaction d’Hippolyte à cette colère ne présente aucune marque d’adresse, elle décrit pour lui-même son propre état, sorte de didascalie interne qui souligne l’impuissance verbale du jeune homme devant ce qui l’écrase. Ce n’est que lorsque
Thésée lui donne le signe-témoin qui, dit-il, lui a permis de conclure à sa culpabilité (le fer) et introduit par là la modalité judiciaire du dialogue, qu’Hippolyte commence à se défendre. Au « monstre » de Thésée, répond alors le rejet de
« Seigneur » ; aux impératifs («