Histoire de la grève
I – Le droit de grève en France
A – Contexte socio-historique
Le 19ème siècle voit apparaître la grève comme une réalité durable dans le monde du travail et non pas comme un événement sporadique et isolé durant les siècles précédents (Cf : la grève des ouvriers du livre à Lyon en 1542 qui paralysa toute la profession, démontrant alors la puissance de cette corporation qui sera de tous les combats au 19ème siècle). Même si les revendications sont multiples (durée du temps de travail, nouvelles machines…), une revient invariablement, encore et toujours, celle des salaires. Dès le milieu du 19ème siècle, la forte industrialisation engendre des conditions de vie pour les ouvriers très difficiles ce qui peut semblé paradoxal à une époque où le progrès technique est vu comme le sauveur de l’humanité : « Pour nous, ne rêvant que l’amélioration du sort de la classe prolétaire, nous croyons que la seule route que les hommes puissent prendre pour arriver au bonheur est celle des sociétés industrielles » (Antoine Vidal – rédacteur en chef de l’Echo de la Fabrique – 1832). Cette précarité est en fait engendrée par la concurrence qui sévit et qui pousse les patrons à baisser le prix de façon et du même coup, le salaire de l’ouvrier : en 1900, les écarts de salaires entre ouvriers français vont de 1 à 8.
Pour Engels, la grève est une réponse au principe de concurrence qu’elle remet en cause par la coalition. Les premières associations se créent pour répondre aux conditions de travail précaires des ouvriers comme les Sociétés de secours mutuel qui assiste l’ouvrier en cas de maladie mais qui n’assure pas de protection pour son emploi. C’est la raison pour laquelle on assiste en ce début de 19ème siècle à la création de sociétés de résistance qui ont pour but de soutenir les grèves notamment par des contributions financières et qui s’opposent le plus souvent au patronat. Ces sociétés sont souvent locales, corporatistes mais cela n’empêche