Histoire des droits de l'homme
Défendre les libertés
INTRODUCTION
On se demande parfois ce que l'Europe a apporté au monde, ce qui la spécifie en propre. La meilleure réponse est peut-être celle-ci : la notion d'objectivité. Tout le reste en découle : l'idée de personne et de liberté de la personne, le bien commun en tant qu'il se distingue des intérêts particuliers, la justice comme recherche de l'équité (c'est-à-dire le contraire de la vengeance), l'éthique de la science et le respect des données empiriques, la pensée philosophique en tant qu'elle s'émancipe de la croyance et consacre le pouvoir du penseur à penser le monde et questionner la vérité par lui-même, l'esprit de distance et la possibilité d'autocritique, la capacité dialogique, la notion même de vérité. L'universalisme est une corruption de l'objectivité. Tandis que l'objectivité s'atteint à partir des choses particulières, l'universalisme prétend définir la particularité à partir d'une notion abstraite posée arbitrairement. Au lieu de déduire le devoir-être de l’être, il procède en sens inverse. L'universalisme ne consiste pas à traiter des choses objectivement, mais à partir d'une abstraction surplombante d'où s'ensuivrait un savoir sur la nature des choses. Il représente l'erreur symétrique inverse de la métaphysique de la subjectivité, qui ramène le bien au bon-pour-moi ou au bonpour-nous, le vrai au for intérieur ou à l'entre-soi. La tradition européenne a toujours affirmé la nécessité pour l'homme de lutter contre sa subjectivité immédiate. Toute l'histoire de la modernité, dit Heidegger, est histoire du déploiement de la métaphysique de la subjectivité.
Le subjectivisme conduit obligatoirement au relativisme (tout se vaut), rejoignant ainsi la conclusion égalitaire de l'universalisme (tous se valent). Le relativisme ne peut être surmonté que par l'arbitraire du moi (ou du nous) : mon point de vue doit prévaloir au seul motif qu'il est le mien (ou qu'il est le nôtre). Les notions de