Histoire et mémoire
Les historiens ne confondent pas Histoire et mémoire. A l’inverse de l’histoire, la mémoire isole un évènement de son contexte ; elle cherche à le tirer de l’oubli pour lui même et non pour l’insérer dans un récit cohérent créateur de sens; ceci s’explique parce que la mémoire est affective, tandis que l’histoire se veut rationnalisante. Cet antagonisme entre histoire et mémoire est la conséquence des profondes mutations qui, depuis plus d’un siècle, ont affecté la définition de l’histoire comme celle de la place revendiquée dans la société par les historiens. Progressivement ceux-ci ont pris de la distance vis-à-vis de la fabrication d’un "roman national", et ont affiché leur méfiance envers toute tentation de manipulation de la mémoire collective. Les renouvellements introduits par l’école des Annales en faveur d’une histoire globale inscrite dans la longue durée ont aussi contribué à cette rupture des historiens avec l’histoire-mémoire traditionnelle. En contrepartie de cet effacement, on assiste en France depuis une vingtaine d’années à la montée des revendications mémorielles, face auxquelles les historiens doivent se positionner.
On peut alors se demander comment la mémoire est-elle devenue un objet d’étude pour l’histoire ?
Pour cela nous expliquerons dans un premier temps le sens des mots histoire et mémoire, et nous verrons que si tous les oppose, l’un ne peut aller sans l’autre. Puis, dans un deuxième temps, nous traiterons de quelques travaux de réflexions autour de ce sujet, tels que la volonté d’évincer la mémoire pour faire de l’histoire, la mémoire et le temps, ou bien encore l’oubli derrière l’histoire et la mémoire et, enfin, dans un dernier temps, nous nous pencherons sur le devoir de mémoire et plus précisément sur son origine et ses fonctions, la vision des historiens à ce sujet ainsi que ses limites.
I- L’histoire contre la mémoire ?
a) Le sens des mots histoire et mémoire
Les deux mots, histoire et