Dès le début, la vie commune n’avait pas été de la tarte. Zozo l’ours ermite et Léa la lionne fêtarde avaient des caractères bien trempés et des convictions opposées sur à peu près tous les sujets. Zozo avait gardé les goûts d’ascète de son ancienne période d’isolement. Il était rustique et le revendiquait. Ce gros balourd parlait avec émotion de la belle étoile, de la douce solitude de la nuit et du frisson du petit matin trempé de rosée. Toutes choses que Léa ne pouvait que détester. Elle ne voyait pas du tout l’intérêt de se priver de confort. Dormir à la dure, pas question !
Zozo de son côté voyait bien qu’il était largué dans le monde de Léa… Il prenait tout à rebrousse-poil et ses habitudes de solitaire s’accordaient mal au besoin de Léa de vivre en société.
Mais malgré leurs différences ils vivaient un moment merveilleux, un amour intense. Ils passaient des heures à se câliner, encore et encore, sans pouvoir se résoudre à se détacher l’un de l’autre. Cette douce thérapie faisait fondre Zozo qui se disait que finalement, il allait peut-être devenir un ours sociable.
Le drame eut lieu à la fin de l’été, après une suite de journées lourdes où la tension s’était accumulée pour finalement terminer dans un orage. Quand Zozo en reparle avec Nissou, sa cousine marmotte et sa confidente, il peine à retrouver l’enchainement des causes et des effets qui a conduit à la catastrophe.
« Redis-moi ça lentement, s’énerve Nissou. T’as fait quoi ?
- J’ai mis les bouts, largué les amarres, repris ma liberté, je l’ai quittée quoi…
- Mais alors pourquoi t’es démonté comme si c’était ELLE qui t’avait largué ?
- Parce que c’est la lionne de ma vie.
- Et tu t’es barré ?!!
- Sur le moment, ça m’a semblé la seule solution.
- T’es l’ours le plus con que je connaisse. »
Oui, Zozo est d’accord, il est l’ours le plus pathétique de la création…
L’ours Zozo est reparti dans sa caverne d’hibernation. L’automne est là, puis bientôt l’hiver. Il devrait s’endormir. Il FAUT qu’il