Texte 1 : Christine de Pisan
Les cents Ballades

Présentation : Auteur/date/situation de l'extrait

En bref, Christine de Pisan née en 1364 à Venise est une philosophe et poétesse française de naissance italienne.
Christine de Pizan est considérée comme la première femme de lettres française ayant vécu de sa plume. Son érudition la distingue des écrivains de son époque, hommes ou femmes. Veuve et démunie, elle dut gagner sa vie en écrivant
Elle composa des traités de politique et de philosophie, et des recueils de poésies. Auteur très prolifique, elle se retira dans un couvent à la fin de sa vie.
Elle se distingue aussi par une spontanéité rare dans cette tradition et par une veine autobiographique, plus développée que chez d'autres auteurs, où s'exprime son deuil. Cependant, elle se tourne vers des lectures plus austères et cherche à communiquer, en prose ou en vers, le savoir des auteurs anciens. D'où une série d'œuvres ambitieuses qui enrichissent ses grands manuscrits entre 1400 et 1410.
Mort : 1430 .

Hé ! Dieu, quel deuil, quel rage, quelle infortune
Quel inconfort, quelle aventure douloureuse
Pour moi, hélas, qui suit si cruellement torturés,
Qu'aucune créature ne souffrit plus grande douleur
Désormais, je maudis le fait que ma vie dure tant
Car je n'ai plus envie de rien
Si ce n'est de mourir, je ne me soucie plus de vivre
Quand celui qui me tenait en vie est mort

Oh dure mort tu as achevé
Tous mes bons jours, c'est une chose très difficile
Quand tu m'as oté celui qui était la source
De tous mes biens et de la nourriture
Au point que j'ai le désir que mon corps soit enlevés
Ma douloureuse âme fatiguée trop obscure
Quand celui qui me tenait en vie est mort

Et si mes jours douloureux étaient bref
Au moins la douleur que j'endure cesserait
Mais ils ne le seront pas, au contraire toujours de nouveau
Je vivrais en deuil sans fin et sans mesure
Dans les plaintes, dans les pleures et dans la douleur
Je serais blessée de