Homère l'odyssée, la tempête
On parle , en littérature ,du « topos » de la tempête . Quel usage Homère fait-il de ce qui deviendra un topos littéraire ?
« Le Rassembleur des nues déchaîna sur nous le Borée /en bourrasque inouïe »(chant IX) Dans l’Odyssée d’Homère , écrite au IX ème siècle avant JC , l’action se situe en un temps mythique, à l’âge des héros . L’un d’entre eux , Ulysse , est célèbre pour son voyage maritime de retour de Troie à Ithaque ,contrarié par la colère de Poséidon. L’espace de la mer , la « saumure » , « le gouffre » , est caractérisé par ses tempêtes. Or ce motif est devenu , au fil des siècles , un véritable topos littéraire . Quel usage Homère en fait-il dans son poème ? Nous verrons que la tempête , ouvrant et refermant l’espace des aventures , a d’abord une fonction narrative ; symbolisant la fatalité , la colère des dieux , par le déchaînement aveugle des éléments , elle remplit aussi une fonction épique . Enfin , elle met le héros à l’épreuve de la peur , de la mort , de la solitude , remplissant alors une fonction initiatique.
1-Fonction narrative –
→ parce qu’elle ouvre et ferme l’espace des aventures d’Ulysse-
Chant IX : la tempête suit l’escale chez les Cicones qui appartiennent encore (espace civilisé : Ismaros est une capitale , les Cicones ont des armes de bronze , rendent un culte à Apollon etc…) à l’espace réel ; or « le courant , la houle et le Borée , quand [il double] le Malée »éloignent Ulysse de Cythère, c’est-à-dire , de la route balisée du retour à Ithaque . La dérive de « neuf jours » au gré des « vents funestes » , sans tenir le cap , à l’aveugle ,sans amers, symbolise le passage du monde connu au monde inconnu , du monde familier des « mangeurs de pain » à celui des « Lotophages », mangeurs de fleurs et qui symbolisent déjà le danger radical de cet écart par rapport à la route habituelle : l’oubli du retour , le passage définitif d’un espace à l’autre .
En revanche , au chant V , la tempête entre l’île de Calypso