Honoré daumier
Jean-Baptiste Daumier, qui se croyait poète, ambitionnait une carrière littéraire; en 1814, renonçant à son gagne-pain, il vint à Paris pour y tenter sa chance. En vain car ses médiocres recueils de vers et sa tragédie, Philippe II , représentée à ses frais en 1819 dans le petit théâtre de la rue Chantereine, ne lui valurent qu’un piètre succès d’estime. La famille Daumier semble avoir connu à Paris de réelles difficultés financières. Aussi, en dépit de son attirance précoce pour le dessin, Honoré dut-il bientôt contribuer à la subsistance des siens. En 1820 – il a à peine douze ans –, on le trouve employé comme saute-ruisseau chez un huissier, puis, l’année suivante, comme commis chez Delaunay, libraire et éditeur au Palais-Royal. Attentif au monde par instinct, avant de l’être par profession, il découvre alors le microcosme parisien: le monde de la justice, tout d’abord, dont plus tard il ne devait cesser de fustiger l’hypocrisie; puis, sous les galeries du Palais-Royal, la foule pittoresque et interlope décrite par Louis Léopold Boilly (1761-1845) dans de minutieux tableaux; au hasard de ses courses, enfin, le petit peuple des rues, des quais et des boutiques. L’univers de Daumier était en place.
Dès 1821, d’ailleurs, profitant des quelques loisirs que lui laisse son emploi, Honoré commence à étudier le dessin. Grâce à son père, qui avait dédié au célèbre fondateur du