LE MASQUE DE LA MORT ROUGE, par Edgar ALLAN POE

La Mort Rouge avait pendant longtemps dépeuplé la contrée . C'étaient des douleurs aiguës, un vertige soudain, et puis un suintement abondant par les pores, et la dissolution de l'être. Des taches pourpres sur le corps, et spécialement sur le visage de la victime, la mettaient au ban de l'humanité, et lui fermaient tout secours et toute sympathie. Tout cela était l'affaire d'une demi-heure. Le prince Prospero était heureux, et intrépide, et sagace . Quand ses domaines furent à moitié dépeuplés, il convoqua un millier d'amis vigoureux et allègres de coeur, choisis parmi les chevaliers et les dames de sa cour, et se fit avec eux une retraite profonde dans une de ses abbayes fortifiées . C'était un vaste et magnifique bâtiment d'un goût excentrique et cependant grandiose. Il y avait des bouffons, il y avait des improvisateurs, des danseurs, des musiciens, il y avait le beau sous toutes ses formes, il y avait le vin . Il y avait 7 salles elles forment de longues perspectives en ligne droite, quand les battants des portes sont rabattus sur les murs de chaque côté, de sorte que le regard s'enfonce jusqu'au bout sans obstacle. A droite et à gauche, au milieu de chaque mur, une haute et étroite fenêtre gothique donnait sur un corridor fermé qui suivait les sinuosités de l'appartement. Chaque fenêtre était faite de verres colorés en harmonie avec le ton dominant dans les décorations de la salle sur laquelle elle s'ouvrait. Pendant que le fléau sévissait au dehors , le Prince Prospero organisa un bal masqué dans une enfilade sinueuse de sept salles. La première était bleue , la seconde était ornée et tendue de pourpre , la troisième était entièrement verte , la quatrième était décorée d'orange , la cinquième était blanche , la sixième était violette , et la septième salle était rigoureusement ensevelie de tentures de velour noir... mais avec