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Par Maya Bacache-BeauvalletMaître de conférences à TELECOM ParisTech (75).
S’il est bien un développement paradoxal d’un champ en sciences économiques, c’est celui de l’économie politique. Ce champ de recherche, dont le développement embryonnaire remonte au XVIIe siècle mais dont la naissance véritable et l’épanouissement remonte aux années 1960 aux États-Unis, ne semble arriver en France qu’au début du XXIe siècle, après des percées timides dans le monde académique. Pourquoi ce retard français dans cette discipline ? S’il ne nous appartient pas ici d’en développer toutes les causes, tentons quelques timides explications.
L’explication principale tient probablement « à la faute originelle », puisque ce champ reste longtemps associé en France au courant libertaire et à l’école du Public Choice qui, la première, l’a développé. L’école du Public Choice de Virginie réintroduit et récupère le terme d’économie politique, au sens où nous l’entendons dans ce dossier, en exportant les outils de la science économique, tels qu’ils ont été appliqués aux comportements de consommation et de production et à l’étude des marchés, à un nouveau domaine : le comportement politique. Le programme de recherche du Public Choice, si on peut le faire remonter aux travaux de Jean-Charles de Borda (1781) ou à ceux du marquis de Condorcet (1785), remonte véritablement aux années 1940 avec les premières analyses de Duncan Black, puis aux années 1950, avec Antony Downs, et se développe dans les années 1960 après la publication de The Calculus of Consent, en 1962, de James Buchanan et Gordon Tullock, de The Theory of Political Coalition de William H. Riker, en 1962, et de The Logic of Collective Action de Mancur Olson, en 1965. Si le développement de l’économie politique s’émancipe relativement vite du courant du Public Choice pour se développer dans de nombreuses universités américaines (en particulier à Chicago), il garde en