La société antique est fortement hiérarchisée. Au sommet, des rois locaux (basileus), maîtres d'un domaine rural, qui forment une aristocratie minoritaire toute-puissante dont le privilège est la fonction guerrière. L'expédition achéenne de l'Iliade est commandée par l'un d'eux, Agamemnon, parce qu'il a fourni le plus gros contingent (cent navires), et surtout que son sceptre vient de Zeus lui-même. Lui seul est symbole de souveraineté. Les autres rois tirent leur légitimité de leur force et de la dynastie dont ils sont issus. A Troie, la situation n'est guère différente : l'ordre de la Cité est organisé autour du vieux roi Priam. Tous ces guerriers obéissent à des valeurs fondamentales : la themis (l'ordre des choses, ce que l'usage commande ou interdit), la timè (marque d'honneur qui situe chaque guerrier au rang qu'il s'est mérité), et les obligations envers les dieux (ainsi les sacrifices). Ces valeurs assurent la cohésion du groupe, voire l'égalité de leurs prérogatives, même si la qualité particulière du guerrier peut les lui faire transgresser (ainsi la colère d'Achille contre Agamemnon). Mais dans l'ensemble, leurs relations sont commandées par le compagnonnage et la fidélité, symboles d'un ordre dont Marthe Robert nous dit que l'énoncé est le premier but de l'épopée. Les combattants des deux camps eux-mêmes se battent de la même manière et ont les mêmes dieux; ils entrent dans un même jeu, qui les affronte comme deux puissances opposées, mais étroitement unies : LES GRECS
(Achéens, la plus importante famille ethnique, Argiens, Danaens, d'Argos) :
Agamemnon, "protecteur de son peuple", fils d'Atrée, roi de Mycènes et d'Argos, chef de la confédération achéenne. Couramment nommé "Glorieux Atride, roi des guerriers".
Ménélas, "le blond", frère d'Agamemnon, roi de Lacédémone.
Achille,"aux pieds rapides", fils de Pelée et de la déesse Thétis, roi des Myrmidons. Sa colère, au début du poème, son farouche retrait du combat puis son retour pour venger la