Il etait une fois
Tout d’abord, il rapporte les propos d’une « sauvage » du Mississipi et les compare aux pratiques européennes. Si la dame précise «qu’il valait mieux manger son ennemi mort que de le laisser dévorer aux bêtes » (l.7), Voltaire lui rappelle que « Nous tuons en bataille rangée ou non rangée nos voisins » (l.9/10) et affirme avec vigueur que « c’est là qu’est l’horreur, c’est là qu’est le crime » (l.12/13). Le pronom personnel de première personne du pluriel « nous » implique tous les européens qui comme Voltaire peuvent paraître « un peu scandalisé[s] » (l.6) des propos rapportés mais doivent l’être plus encore par les excès de la guerre sur les champs de bataille. Ainsi Voltaire relativise-t-il les pratiques anthropophages qui sont selon lui plus acceptables que nos coutumes guerrières.
Dans le deuxième paragraphe, la justification du cannibalisme passe ensuite par l’argument de « la nécessité » (l.35). Voltaire développe pour illustrer cet argument l’exemple des animaux « dont l’espèce a beaucoup diminué » (l.28/29). Ainsi, au temps où les hommes « étaient chasseurs » (l.31), c’est « l’habitude de se nourrir » (l.31) qui les a fait manger des hommes comme eux. En remontant à l’époque préhistorique, Voltaire montre que « les nations policées » c’est-à-dire civilisées « ne l’ont pas toujours été » (l.23) et qu’avant de condamner des pratiques que les européens qualifient de « barbares » ou de « sauvages », ils feraient mieux de considérer leur propre passé. Là encore, le philosophe des Lumières relativise les pratiques étrangères au regard de l’histoire du peuple européen et invite ce dernier à réfléchir à son passé.
Enfin, dans un dernier paragraphe, Voltaire compare les pratiques religieuses et anthropophages. L’auteur montre ainsi qu’il est préférable de manger « un vilain homme » que de sacrifier une jeune victime