Inception - croyance et quête de la vérité
« (…) le cinéma américain a évolué pour devenir peu à peu un monde dystopique où la quête de la vérité n’a plus d’importance. Ce qui compte, c’est l’individu, exclu sans chance de retour de la société, celui qui aimerait, à l’image du protagoniste de Waking life, se réveiller du rêve dans lequel il évolue mais est condamné à se réveiller dans un nouveau rêve, éternellement. »
Daniel Dos Santos, Stardust Memories # 12 – sept. oct 06
Dans ce texte de 2006, j’avais très vaguement cité Memento, comme un des nombreux exemples dans lequel l’amnésie du personnage lui permet de se forger un mensonge qui va lui permettre d’affronter une réalité effrayante. Néanmoins c’est avec Inception que cette phrase entretient un étrange parallèle.
De ce fait, on a tendance à reprocher à Nolan un certain machiavélisme. L’idéologie « constituante » de ses films étant alors moralement ambigüe : le mensonge est objet de jouissance (puisqu’il permet de se satisfaire d’une réalité autrement insupportable) mais néanmoins combiné à un certain ludisme comme moteur de l’action (la préparation méthodique du mensonge lui conférant un surplus de jouissance).
D’ordre général, le reproche est jeté constamment à tout film assumant in fine une vérité jusque là cachée sur laquelle repose tout le film. D’un simple point de vue idéologique, il est normal de se sentir bluffé voire choqué, offusqué par ces méthodes qui vont d’ailleurs surdéterminer le film tout entier. Seulement, cette réaction vient en réponse à la mauvaise question (quelle est la part de mensonge du film ?) alors que la base du problème est plus simple : pourquoi donner grande part à une vérité déguisée ? Ainsi en traitant le mensonge non pas comme réponse à des questions majoritairement empiriques (Quelle est la véritable suite d’événements ? Pourquoi construire une structure polysémique ? Et surtout : est-ce que la possibilité même d’une lecture polysémique est compatible avec la logique émotionnelle