incipit de bel ami
En romancier réaliste attentif à l’entrée en scène de son héros, Maupassant, à travers le regard du narrateur omniscient du récit, nous offre un portrait très informatif de Georges Duroy:
Le portrait physique :
s’il faudra attendre quelques lignes encore au-delà de cette première page du roman pour connaître la couleur des yeux et des cheveux de ce «joli garçon », c’est que l’intérêt du romancier portraitiste va d’abord ici à ce qu’on pourrait appeler, à tous les sens du terme, l’allure du héros :
—allure comme « mouvement » d’abord, car Duroy est quelqu’un qui bouge, qui avance (cf les verbes de mouvement)
— allure comme «prestance » surtout, car c’est aussi quelqu’un qui «pose » et impose son corps : « il cambra sa taille », « la poitrine bombée ». De manière métonymique, la vivacité de « son regard rapide et circulaire » comme les boucles de sa moustache frisée sont les deux emblèmes de cette dynamique corporelle.
Le portrait psychologique :
se déduit, par suggestion, de cette première approche physique qu’il prolonge. A la fierté de l’allure militaire correspond en effet une forme de brutalité du caractère, connotée principalement par les verbes et adverbes du dernier paragraphe (« brutalement », « heurtant s’, « poussant », «battait s>) et culminant dans la séquence finale «Il avait l’air de toujours défier quelqu’un...»
Par ailleurs, le long quatrième paragraphe, seul moment d’« immobilité» dans ce portrait en mouvement, révèle un esprit calculateur, rivé de manière presque myope à la matérialité des coûts et « dépenses s..
Le statut social du héros :
Il est clairement explicité. De façon simple, le narrateur, dès la seconde phrase, nous révèle son identité d’ancien soldat dont on apprendra plus tard les «états de service ». Mais de manière plus complexe, il suggère le caractère pernicieux de cet état qui fait simultanément de Duroy un conquérant et un aigri, un « battant » et un « défraîchi ».